Vouloir un bébé après avoir eu un cancer : ce que je dois savoir

Vous êtes jeune. Avant votre cancer, vous aviez un projet de grossesse. Faut-il abandonner cette idée ? Est-ce encore possible ? Est-ce dangereux ? Est-ce raisonnable ? Pour vous ? Pour le bébé ? Votre médecin vous conseillera.

Serai-je fertile après mon traitement contre le cancer ?

Les traitements du cancer (chimiothérapie, radiothérapie ou hormonothérapie) peuvent arrêter temporairement ou définitivement le fonctionnement des ovaireset donc endommager la fertilité. Si vos règles n’ont pas été interrompues ou si elles reviennent après le traitement – cela peut prendre plusieurs mois ou plusieurs années – il est vraisemblable que vos ovaires ont continué ou repris leur activité, et une grossesse sera alors possible. Des dosages sanguins hormonaux peuvent permettre de savoir où vous en êtes. Il est toujours délicat, après le traitement du cancer, d’envisager des traitements de stimulation des ovaires comme dans une stérilité d’origine différente.

Est-ce risqué pour moi d’être enceinte après le traitement de mon cancer ?

Dans la majorité des cas, il n’y a aucun risque connu à être enceinte. Pour le cancer du sein, il a été montré qu’une grossesse après le traitement n’aggravait pas le pronostic, à stade égal. Le seul cancer où des aggravations ont été décrites en cours ou après une grossesse est le mélanome (cancer de la peau). Par contre, en fonction des traitements, une grossesse ne sera pas toujours possible.

Combien de temps après le traitement d’un cancer pourrai-je envisager une grossesse ?

Les médecins conseillent, en général, un délai de surveillance de deux ans, parfois plus, en fonction du type de cancer et de son stade. Cela correspond au temps de récupération de votre traitement, souvent au temps de reprise du fonctionnement de vos ovaires. C’est aussi la période où le risque de récidive est le plus élevé, et il est toujours difficile de traiter une rechute de la maladie en cours de grossesse. A l’inverse, si une grossesse démarre malgré tout dans cette période, il n’a pas été démontré que cela était plus dangereux.Durant ce délai de deux ans, une contraception est donc recommandée. Selon le type de votre cancer, certains moyens de contraception pourront être contre-indiqués. Vous devez en parler à votre médecin traitant ou à votre oncologue pour décider du moyen contraceptif le plus adapté à votre situation.

La grossesse est-elle plus difficile après le traitement du cancer ?

Les risques de fausse couche, d’accouchement prématuré et de petit poids de naissance sont globalement plus élevés après un traitement du cancer. Durant la grossesse, certaines pathologies peuvent également être liées aux traitements anticancéreux, mais la surveillance de votre grossesse sera adaptée à vos antécédents. En revanche, les examens pour le suivi de votre bébé durant la grossesse seront, pour leur part, habituels.

Est-ce qu’il y a un risque de malformation pour le bébé ? Devrai-je faire des examens particuliers ?

Si vos ovaires ont repris un fonctionnement normal et qu’une grossesse démarre normalement, le risque de malformation ou d’anomalie génétique n’est pas plus élevé, à âge égal, que s’il n’y avait jamais eu de cancer.Les examens permettant de dépister une malformation ou une anomalie génétique (tests sanguins, amniocentèse, échographies) doivent être discutés avec vous en fonction de votre âge et des risques familiaux, mais le cancer et ses traitements ne doivent pas modifier votre décision.

Lors de l’accouchement, aurai-je une césarienne ?

En dehors de certains traitements pour petits cancers du col, il n’y a pas de raison de faire une césarienne systématique. L’accouchement peut se faire de façon naturelle. Tout dépendra, bien sûr, des conditions particulières ce jour-là. Votre gynécologue pourra contacter votre oncologue pour en discuter avec lui.

A la naissance, mon bébé sera-t-il exposé à un risque de cancer ?

Le risque de cancer transmis de la mère au bébé est exceptionnel et n’a été décrit que dans certains mélanomes. Un examen systématique du placenta sera fait après la délivrance, quel que soit le cancer.De même, si le père de l’enfant a eu un cancer, il n’y a aucun risque connu à ce jour pour l’enfant.

Aura-t-il plus de risque de développer un cancer dans sa vie ?

Si votre cancer est directement lié à des facteurs génétiques, ce risque peut être augmenté. Toutefois, ces cancers sont rares – 5 à 10 cas sur 100 –, et la transmission n’est pas toujours directe. Si de nombreux cas sont survenus dans votre famille et si vous voulez mieux apprécier ce risque, demandez à vos médecins qu’ils vous orientent vers une consultation d’onco-génétique.

Puis-je allaiter après un cancer du sein ?

Il n’y a aucune contre-indication à l’allaitement. Il n’augmente pas le risque de voir apparaître un second cancer du sein. Il sera souvent difficile sur le sein qui a été irradié, mais l’allaitement sur un seul sein est toujours possible.

Une grossesse après un cancer peut être envisagée. Il est toutefois nécessaire d’avoir retrouvé un bon équilibre physique et psychologique, de respecter un certain délai (au moins deux ans) et de connaître les éventuels effets des traitements reçus. Vos médecins, oncologue et gynécologue, doivent se concerter.